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Le Village du Monde au Paléo : départ pour l’Amérique centrale avec Amaryllis Blanchard

Aimeriez-vous voyager de l’autre côté de l’Atlantique sans bouger d’une semelle ?


Si je vous dis que j’ai pu gravir un temple Maya, adorer l’image ensablée d’un dieu aztèque, manger de vrais burritos mexicains et danser sur les rythmes de Calypso Rose tout en restant dans le canton de Vaud en Suisse, me croiriez-vous ?

Alors non, je n’ai pas fumé le calumet de la paix, soyez-en sûrs, mais il existe réellement un endroit où tout cela est possible et il se trouve tout au fond du terrain du Paléo festival : le Village du monde.

Pour ceux que j’ai déjà perdu, reprenons depuis le début.



Vue de nuit sur le Village du Monde - © Pierre Descombes


Si vous ne le connaissiez pas, le Paléo est un festival de musique installé à Nyon (Suisse) depuis 1976. Chaque mois de juillet, il accueille pendant six jours plus de 230 000 spectateurs. Ça en fait du monde ! D’ailleurs, toutes les générations et styles de musiques s’y confrontent. Avec ses sept scènes, dont un espace réservé aux arts de la rue et du cirque (La Ruche), il est l’un des plus grands festivals d’Europe et sûrement l’un des plus beaux, en tout objectivité...

© Megan Lhopiteau


Depuis sa création, près de 5 000 bénévoles viennent chaque été apporter leur pierre à l’édifice, des responsables jusqu’aux collaborateurs, formant une grande famille travaillant dans le respect et la bonne humeur. Parmi les secteurs de longue durée – Construction, Subsistance collaborateurs et Surveillance - les bénévoles peuvent travailler au sein de la décoration, l’électricité, la plomberie, la cuisine, la sécurité, l’animation et bien d’autres domaines…

Le Paléo possède aussi une philosophie très respectueuse de l’environnement car il veille à ce que les déchets soient triés directement sur le terrain grâce à des poubelles à codes couleurs. Sur le site, la différence est bien visible.



Ce qui nous intéresse aujourd’hui est une des raisons qui différencie, selon moi, le Paléo des autres festivals : il existe un « festival dans le festival » que l’on nomme Village du Monde. Sa volonté est de recréer un univers autour d’une culture qui pourrait "avoir de la force au sein même du Paléo". Cette année, comme vous l’aurez compris, la destination retenue était l’Amérique centrale avec un focus sur le Mexique.

© Marc Amiguet


J’ai eu la chance de rencontrer la Responsable des nouveaux projets du Paléo, Amaryllis Blanchard, pour qu’elle m’explique plus en détails d’où venait cette idée de Village du Monde. J’en ai profité pour la questionner sur l’organisation du festival et sur son expérience personnelle.

« L’idée de création d’un Village du Monde (VDM) vient à l’origine d’un séminaire où elle ne faisait pas l’unanimité, les sceptiques préférant choisir des groupes d’actualité sans limite géographique. En 2002, elle a ensuite été reprise et testée dans le cadre d’Expo 02 qui était une exposition nationale suisse. Daniel Rossellat, le fondateur du Paléo, travaillait alors à la direction des événements d’Expo 02. Un des projets mis en place était un bar nommé « Le Mondial » qui proposait par périodes une thématique du monde (avec des décors, de la musique…). L’idée fonctionnait bien et il a donc été décidé de la reprendre au Paléo en 2003 où l’Afrique toute entière était alors invitée ».

Amaryllis Blanchard et les Mariachi Veracruz - © Jean-Christophe Bott


Amaryllis est coordinatrice de projets. C’est en quelque sorte un chef d’orchestre. Elle a commencé à travailler au VDM en 2009 pour préparer l’édition de 2010 sur le thème de l’Afrique australe.

« Tous les départements travaillaient main dans la main pour ce bout de festival, sauf que chaque année tout change. Mon boulot est de mettre les bonnes personnes autour de la table et faire en sorte que tout le monde travaille en bonne intelligence autour d’une thématique, avec un objectif commun et d’identifier s’il y a un blocage potentiel à déverrouiller ».


Existe-il à ta connaissance d’autres festivals possédant cette forme de mise en abyme – un festival dans le festival – consacrée aux autres cultures ?

« Non il ne me semble pas qu’il y ait d’autres festivals qui créent une thématique culturelle au sein même du festival. Il existe bien par exemple le Festival Rio Loco à Toulouse mais la thématique culturelle annuelle s’étend sur tout le festival. Au Paléo, le Village du Monde pourrait « fonctionner ailleurs », en autonomie, avec ses stands de nourriture & boissons, son décor, sa musique, la sécurité, la communication, etc. »

Le "Bar du Voyageur" et sa décoration brocantée



Est-ce que tu t’occupes aussi de la programmation musicale ?

Pour la scène du Dôme, c’est le travail de Jacques Monnier, le responsable de la programmation générale. L’un de mes rôles est d’apporter un supplément d’âme au Village en dehors des concerts du Dôme : nous avons donc une petite scène intimiste, l’Escale, où les artistes se produisent dans une formule réduite à l’image d’une fête entre amis, il y a des déambulations, de la danse, des costumes, d’autres formes d’art visuel, des soirées DJ… le tout dans le thème.


Comment s’organisent les différents secteurs travaillant au VDM ?

« Un peu comme pour le Festival sauf que la zone est plus petite. Au mois de décembre, nous possédons les images de synthèse qui nous servent de point de départ à la décoration et qui ont été créées suite à des discussions depuis septembre avec Laurent Essig, architecte paysagiste. De décembre à mai, des réunions sont organisées entre Laurent Essig (le scénographe), Emmanuelle Tuffet (du département Constructions de Paléo) et moi pour que nous traduisions les images en matériaux, en fournisseurs, en plannings… En parallèle, chaque spécialiste dans son domaine apporte sa pierre à l’édifice (décoration, électricité, nourriture et boissons, sécurité, communication, production…). Lorsque le budget est validé, les commandes passées, le chantier peut commencer. Chaque année, le projet est un prototype géant qui doit fonctionner. C’est donc un gros travail d’équipe ! »


Quel est ton meilleur souvenir au Paléo ?

J’en ai plein ! Mais un de mes meilleurs souvenirs reste la scénographie des Andes en 2014 [Photo ci-dessous]. Le Village Celtique de l’année dernière fut aussi une belle réussite avec la Tour Vagabonde (un théâtre itinérant provenant de Fribourg qui se transforme en club sur trois niveaux), les bassins d’eau et l’ambiance générale. Ça a donc été un challenge de faire mieux suite au succès de l’année passée ».

Le Village du Monde à l'honneur de la Cordillère des Andes en 2014 - © Catherine Nelson-Pollard



Aurais-tu un conseil pour ceux qui travaillent ou souhaitent travailler dans la culture ?

« Faire les choses avec passion et sixième sens! Il faut oser lister ses envies, se mettre sous l’aile de personnes du métier, demander des conseils… Lorsque j’étais étudiante à Lyon, je demandais des rendez-vous et des listes de contacts à des acteurs de la Culture, juste pour étoffer mon réseau. Les gens sont contents de conseiller ceux qui montrent leur intérêt. Alors que j’étais bénévole à la Sécurité de Paléo avant mon engagement au bureau permanent, j’ai demandé à Daniel Rossellat « est-ce que ça vaut le coup que je m’acharne à rester dans la culture, est ce que j’ai un avenir dans ce domaine ? », la réponse était oui ! Juste envoyer un CV n’est pas suffisant, il est préférable d’être proactif et oser se faire un réseau, aller sur le terrain, créer des liens humains et mettre la main à la pâte...

J’ai souvent eu de la chance pour trouver mes stages ou emplois, surement aussi parce que j’allais au contact des gens. Par exemple, lorsque j’étais en stage à Paris chez Lagardère (Europe 1, Virgin Radio, RFM, MCM, Gulli…), le matin, au lieu de venir à l’heure au travail, je venais plus tôt pour assister depuis le couloir à travers la vitre des studios d’enregistrement, à la matinale de Nagui dans laquelle il invitait chaque jour un groupe de musique, et j’adorais cela. C’est comme ça que de fil en aiguille j’ai créé des liens avec l’équipe et qu’indirectement je suis devenue plus tard l’assistante de Nagui chez Air Productions. Dans le cadre des stages, mon conseil est d’être une éponge et d’absorber le plus d’informations et d’expérience possible ».


Est-ce que tu aimes les challenges ?

« Plutôt oui ! Ici à Paléo il y en a plein à relever chaque année, mais ils ont souvent une issue positive car nous avons un bon encadrement, une base solide. Il faut oser rêver, s’entourer de gens motivés et se lancer. Si ça ne marche pas, tant pis, car tu auras toujours appris quelque chose ».


Si vous n’avez jamais mis les pieds à Paléo, rendez-vous l’année prochaine du 17 au 22 juillet 2018 pour découvrir quelle sera la prochaine destination qui hypnotisera tous nos sens. Pas d’excuses pour les Rhône-alpins, Nyon n’est qu’à 1h30 de Lyon en passant par l’autoroute !


Et si vous y étiez, qu’est ce que vous en avez pensé ?


Un grand merci à Amaryllis pour ses précieux conseils, son énergie et sa positivité !



Site internet du Paléo festival ici


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