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Seuls avec Wajdi Mouawad au TNP

"Le spectacle pour une élite restreinte est déjà un non-sens ; mais si c'est la fortune qui détermine arbitrairement cette sélection, le non-sens devient parfaitement odieux"

Pierre Rameil ,1920.


C'est au Théâtre National Populaire de Villeurbanne que je découvre cette citation, à l'occasion du spectacle Seuls de Wajdi Mouawad. Illustrant parfaitement cette idée de démocratisation, elle me rassure sur le fait que même si je ne suis pas une habituée du théâtre, cette institution est finalement accessible à tous. La suite des événements me le confirmera.


Quand on m'a appris que l'auteur du livre Incendies se produisait à Villeurbanne, je n'ai pas pu faire autrement que de prendre une place. Je vous conseille vivement ce drame adapté en film qui vous tiendra en haleine jusqu'à la dernière minute.


C'est donc en solitaire que je m'installe au fond de la salle quand un des employés du théâtre m'indique qu'il reste une place libre au 5e rang. Parfait, je suis aux premières loges !


Sur scène sont installés une cloison, un lit simple, une chaise et un ordinateur portable posé au sol, mobilier typique d'une chambre d'étudiant modeste.

En effet, cette pièce nous raconte l'histoire d'Harwan, un étudiant montréalais terminant sa thèse de "sociologie de l'imaginaire" et désespérément à la recherche de sa conclusion. Originaire du Liban, sa famille s'exile au Canada lorsqu'il est encore enfant. Il est l'unique interprète présent tout le long de la pièce, ce qui peut nous laisser penser que le temps va être long. Mais c'est exactement le contraire. Wajdi Mouawad nous parle avec humour et poésie des difficultés de la vie de thésard, des différents familiaux et aborde surtout les thèmes de l'identité et de la mémoire. Comment nous reconnecter avec l'enfant que nous étions ? Peut-on se fier à notre inconscient ?

Le malaise de la vie en prend aussi pour son grade et comme le dit Harwan, "On vit nos vies comme si c’était un brouillon et qu’ensuite on allait avoir un propre. Ben non, le brouillon c'est le propre". A méditer...



Tout est intelligemment orchestré pour que nos sens soient à l’affût. La mise en scène dynamique joue avec les différents espaces qui se modulent sous les volontés de Wadji Mouawad, déplaçant les panneaux de bois pour permuter d'un univers à l'autre.

On pourra rappeler l'ennuie pour l'inviter à repasser plus tard puisque les voix-off, les bandes sonores et les projections vidéos font de Seuls un spectacle protéiforme qui hypnotise le public. J'avoue qu'à un moment, j'ai eu le cœur qui battait très vite...


Cerise sur le gâteau, la pièce se termine avec une performance artistique à grands coups de pinceaux et de couleurs primaires dignes de Jackson Pollock.

Que rajouter de plus pour vous persuader ? Peut-être rajouter que ce spectacle tourne depuis 2008 et que samedi dernier la salle était bondée !


Voici une petite mise en bouche :

La morale de l'histoire c'est que non, plus de doute, le théâtre c'est aussi fait pour moi. Avec Wadji Mouawad, le cliché du théâtre "intellectuel donc soporifique" est dilapidé.


Si je vous ai convaincus, réservez votre place pour Seuls les 20 et 21 mai au TNP de Villeurbanne ici, et n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé.

A bientôt au TNP !





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