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Rencontre avec Marion Malissen, chargée d'exposition au Musée d'art contemporain de Lyon

Vous est-il déjà arrivé de revenir d’une exposition avec le sourire ? La réponse est sans doute oui, du moins je l’espère pour vous. Mais vous est-il déjà arrivé de si bien aimer ladite exposition, que vous vous étiez soudainement demandé : “ Qui est donc le génie qui a pensé à cela ? “ Si oui, vous n’êtes plus seul(e) car c’est une question qui me trotte dans la tête depuis longtemps. C’est pourquoi j’ai aujourd’hui décidé de lever le voile sur tant de mystères. En réalité beaucoup de personnes sont responsables de ces petits bijoux de culture. Je pourrais vous parler du métier de commissaire d’exposition, de chargé de communication ou de régisseur technique mais c’est le métier de chargée d’exposition qui sera aujourd’hui éclairé. Et en l’occurrence, il s’agira d’une chargée d’exposition puisque c’est Marion Malissen (du Musée d’art contemporain de Lyon), qui a pris le temps de répondre à mes questions.



Création de la scénographie de l'exposition "Frigo", actuellement au musée d'art contemporain

Montage de la scénographie de l'exposition "Frigo", au Musée d'art contemporain de Lyon


Mais alors quel est donc ce métier de l’ombre ?


La mission du chargé d’exposition est de faciliter la préparation des expositions et la rédaction de leurs catalogues. Cela demande un travail de coordination entre les différents interlocuteurs du monde de l’art. Que ce soit les scénographes, les artistes, les commissaires d’expositions ou bien encore les éditeurs, le chargée d’exposition doit permettre à tout le monde de travailler ensemble et de manière efficace. Il y a aussi un aspect plus administratif car l’exposition doit suivre un budget bien défini et il doit traiter avec des fournisseurs et des prestataires. Notez que ce budget est intransigeant, à tel point qu’il faut très souvent manier l’art de la négociation en demandant, toujours avec gentillesse, une baisse des prix. C’est un travail nécessaire, car sans cela, l’exposition n’est même pas envisageable.


L’intensité du travail dépend de l’exposition mais pour Marion : « la plus grosse pression est celle que l’on se met soi-même ». C’est un métier de deadline qui requiert un travail de qualité et pour Marion la meilleure technique pour réussir, c’est la zen attitude ! Vous comprendrez par là qu’il faut savoir gérer son temps et celui des autres associés du projet, tout comme il faut savoir gérer ses nerfs, qui sont souvent mis à rude épreuve dans cette profession. En effet, les imprévus ne manquent pas, il suffit parfois d’un fournisseur en retard pour prolonger l’organisation de tout le montage de l’exposition, et ainsi mettre à mal l’aboutissement de parfois 24 mois de travail. Très vite, il faut avoir l’esprit pratique et trouver des solutions pour remédier aux imprévus dans les plus brefs délais.


Et c’est à ce moment là dans la lecture que vous vous demandez comment devenir chargée d’exposition, n’est ce pas ? Marion nous le dit elle même, elle n’est pas vraiment l’exemple à suivre. Après un Deug d’histoire de l’art à l’Université de Nanterre, elle a continué ses études avec un IUP de valorisation du patrimoine. Son exemple serait donc difficile à suivre, puisque ces deux formations n’existent plus: le Deug était l’équivalent de deux années de licences universitaires, et l’IUP (littéralement : Institut Universitaire Professionnalisé) était une troisième année de licence associée à une année de Master. Marion nous avertit qu’il est désormais nécessaire de faire un Master 2. Ses études étaient en alternance, ce qui est un point important car ce sont surtout les expériences sur le terrain qui lui ont permis de découvrir les différentes missions culturelles. Le premier poste de Marion était en lien avec la médiation. Elle a commencé sa carrière dans des musées de société dans lesquels elle avait remarqué une effervescence très formatrice. Pour apprendre à tout faire, elle est ensuite devenue assistante de conservation dans une petite structure avec une vraie vocation artistique sur la période contemporaine. Évoluant vers des projets toujours plus ambitieux, elle a ensuite intégré le service de médiation d’un grand musée de société dans le sud de la France. La scénographie étant très importante dans ces musées, elle était en constante connexion avec le service d’exposition. Finalement ce dernier musée lui proposa un poste de chargée d’exposition. Aujourd’hui, cela fait trois ans que Marion est chargée d’exposition et elle remarque n’avoir pas encore fait le tour de la question.


Marion travaille désormais au Musée d’Art contemporain de Lyon, mais il est aussi possible de travailler en freelance. Ces chargés d’exposition sont alors spécialisés dans une compétence particulière, comme une culture double par exemple. Il y a aussi des entreprises privées regroupant des scénographes, des médiateurs et des chargés d’exposition afin de produire une exposition « clé en main » pour des structures qui n’ont pas les ressources nécessaires. Enfin, il existe des chargés d’exposition travaillant au sein de studios d’artistes internationaux. Ces derniers se chargent de faire tourner les expositions des artistes dans le monde entier.


Dans tous les cas, il est important de connaître une langue étrangère car il est nécessaire de communiquer avec des prestataires internationaux. Lorsque l’auditeur n’est pas anglophone il est plus agréable de parler une troisième langue, mais Marion nous admet que le langage gestuel fonctionne aussi très bien. Pour elle, l’important est d’être «débrouillard» car bien que certains l’imaginent comme un métier de bureau, c’est en réalité un véritable métier de contact.


Le métier de chargée d’exposition est donc fabuleux car, adaptable à tous projets, on ne s’ennuie finalement jamais. Enfin cette profession nous prouve qu’il est très souvent possible de réaliser l’impossible.



Photographies: Page Facebook du Musée d'art contemporain de Lyon


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