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Stan et Louise Bourgeois

Portrait de Stan
Louise Bourgeois avec sa sculpture Eye to Eye (1970) par Raimon Ramis, 1990.
 

Les Partageuses vous racontent aujourd’hui une histoire pas comme les autres sur Louise Bourgeois. De renommée internationale dans le monde de l’art contemporain, son nom ne vous est sûrement pas inconnu. Louise Bourgeois travaille sur la notion de traumatisme, plus particulièrement sur celui de sa propre enfance et n’hésite pas à lier son art et sa vie personnelle.

En 1979, Stan se lance dans un road trip en Amérique et part trois mois pour New York, cité effervescente où tout lui parait possible. Là-bas, il rencontre le sculpteur David Kyle Maurice qui étudie à la fameuse New York University Institute of Fine Arts et le met en contact avec Louise Bourgeois. A l’époque, elle cherchait alors un factotum et Stan sauta sur l’occasion. Lors d’un entretien, il me raconte ses souvenirs :


  • Bonjour Stan ! Combien de temps as-tu travaillé pour Louise Bourgeois ? Et en quelle année ?

Bonjour. C’était en 1979, de janvier à mars, soit approximativement 3 mois.


  • C’était à New York, mais dans quel quartier ? Et qu’est ce qui t’a amené là-bas ?

J’avais toujours rêvé des Etats Unis (le « on the road » de Jack Kerouac, les film « Easy Rider » et « Woodstock » ). Je revenais d’un voyage « globe trotter » pendant plusieurs mois, façon routard sac au dos (on disait plutôt beatnik à l’époque) : traversée jusqu’a San Francisco, descente au Mexique et Guatemala, et retour sur New York. Je vivais sur East Broadway à Chinatown, Louise Bourgeois vivait au 347 West 20th Street, dans le quartier de Chelsea à Manhattan. Elle y avait sa demeure et son atelier.


  • Comment as-tu rencontré Louise Bourgeois ?

A l’arrivée aux Etats Unis, j’avais rencontré à New York un sculpteur franco–américain, David Kyle Maurice, et c’est chez lui que je résidais début 1979. Il avait eu Louise Bourgeois comme professeur à la New York University Institute of Fine Arts et ils avaient sympathisé, et se voyaient régulièrement. Louise l’avait contacté pour l’aider à trouver un remplaçant temporaire à son factotum, son « homme à tout faire », qui venait de se marier et partait plusieurs mois en voyage de noces. David nous a mis en relation, et j’ai été recruté pour le job.


  • Quel était ton job ? Tes tâches ?

Absolument tout ce qui peut se faire dans une maison. Généralement, je devais lui téléphoner chaque matin, pour savoir si elle avait besoin de moi. Louise était une personne aux humeurs changeantes, déjà âgée, elle avait un côté un peu craintif, tout du moins il y avait des jours où elle ne voulait voir personne. Souvent, elle me commandait quelques courses alimentaires et de matériel nécessaire pour son travail, achats que je faisais sur le chemin pour aller chez elle. Sur place, elle m’indiquait différentes tâches, par exemple faire le ménage, nettoyer et cirer son escalier, peindre un mur, ranger sa cave où étaient stockés les essais d’anciennes créations (je me souviens d’un ensemble de sculptures sphériques et ovoïdes en plâtre), nettoyer son atelier, aller lui chercher des fleurs, arroser les plantes, cuisiner avec elle et partager son repas (elle était plutôt frugale). Nous pouvions aussi boire un chocolat, elle aimait ces moments de pause ou en dégustant un chocolat chaud, nous parlions de la France, des gens qu’elle avait rencontrés (elle m’avait parlé de Miro, mais je ne me souviens plus vraiment de ce qu’elle m’en disait)…


  • Est-ce que tu as pu participer à son travail, de n’importe quelle façon que ce soit ?

A cette époque, elle travaillait sur une sculpture avec des formes diverses en bois peint, je l’ai aidé à scier certaines pièces, et à monter l’assemblage. Je me souviens aussi qu’une sculpture assez imposante était en partance pour un grand musée, il me semble que c’était à Boston, ou peut-être à Washington.


  • Est-ce que tu penses qu’aujourd’hui ce genre de job existe encore ? Ou cela est particulier au lieu et à l’époque ?

Je pense que c’est encore possible, c’est une question de hasard dans les rencontres, les voyages permettent souvent ces hasards. Mais peut-être l’époque, moins contraignante, et le lieu (New York était et reste une citée en effervescence constante, ou tout paraît possible) ont joué un rôle favorable.


  • Est-ce que tu te souviens sur quel(s) projet(s) elle travaillait à cette époque ?

Non, pas vraiment, il y avait cette recherche sur des formes en bois, mais aussi elle travaillait des moules en plâtre, sans doute pour des sculptures en bronze.

Louise Bourgeois, Maman, 1999, bronze, marbre et acier inoxydable, 927 x 891 x 1023 cm, Musée Guggenheim, Bilbao.

  • Louise Bourgeois retranscrit ses traumatismes d’enfance dans ses œuvres, notamment celles avec son père. Est-ce que vous discutiez de sa vie perso ?

Très peu, quelques propos sur son arrivée à New York, jeune mariée, mais elle l’évoquait surtout par rapport aux différences culturelles entre la France et L’Amérique. Elle était très secrète.


  • Gardes-tu un bon souvenir de cette expérience ?

Absolument ! C’est pour moi une chance et un très beau souvenir.


  • Que conseillerais-tu à quelqu’un qui aimerait vivre une expérience comme la tienne ?

Partir à l’aventure, sans préjugés, aller à la rencontre des personnes, saisir les opportunités, rester ouvert au monde.



Si comme Stan vous avez l’envie de voyager et de vivre des expériences originales, il n’est pas impossible de partir à l’aventure, sans préjugés, et de saisir les opportunités qui se présentent à vous !


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