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"Mondes Flottants" : une Biennale pas banale

Vous voyez les affiches depuis septembre 2017 et pourtant vous n’y êtes pas encore allé ? La biennale s'achèvera le 7 janvier prochain, alors enfin, qu’est ce qui vous retient ? Serait-ce le titre : Mondes flottants? Quel est son lien avec l’art contemporain ? Avec Lyon ? Et puis surtout, est ce que cela vaut vraiment le coup ? N’en demandez pas plus, les pARTageuses sont là pour vous éclairer :

Premièrement, une biennale c’est tous les deux ans, et c’est peut être un détail pour vous mais pour nous ça veut dire beaucoup, parce que deux ans c’est quand même assez long. Alors dépêchez – vous car une fois terminée, elle va vous manquer.



Se déroulant depuis 1991, cette Biennale d’art contemporain vous permettra de découvrir des artistes internationaux sur quatre lieux : Le Musée d’art contemporain, La Sucrière, l’Institut d’art contemporain et cette année une œuvre fut aussi présentée sur la Place Antonin. Affiche de la Biennale d'art contemporain de Lyon 2017/ 18

C’est Thierry Raspail, directeur du Musée d’art contemporain de Lyon, qui décida de créer cet évènement culturel dans notre ville. Basée sur une problématique commune et d’actualité, la biennale confronte les publics à ce qu’est (déjà) l’art de demain. Cette problématique change toutes les trois biennales, ainsi la trilogie 2015-2019 est construite autour du fil rouge : « Moderne ». Ce mot, qui peut paraître simple, relève beaucoup de problématiques communes à de nombreux pays, et à toutes actualités. En art, nous pouvons aussi nous demander ce qui est moderne et ce qui ne l’est pas.


Pour construire et organiser chaque Biennale, Thierry Raspail invite un commissaire d’exposition extérieur à la ville de Lyon, et lui laisse le choix du sujet de son exposition. Bien sûr, le sujet doit être en lien avec la problématique de la trilogie. Cette année, c’est au tour de Emma Lavigne, directrice du Centre-Pompidou Metz, de nous dévoiler son échantillon d’art contemporain. Pour ce faire, elle a décidé d’orienter la biennale autour de la thématique des «Mondes Flottants».


Flottants d’abord car Lyon est une ville née d’entre les eaux. En effet, comme vous le savez, les fleuves du Rhône et de la Saône se rejoignent au confluent. Mais une fois dans l’exposition, vous découvrirez que ces termes ont un caractère polysémique.


Le monde peut d'abord être flottant car il est en manque de repère, mais ce mot peut aussi faire écho au flux et à l’abolition des frontières dans une société de plus en plus mondialisée. Pour vous donner un avant goût, l’œuvre Forever Immigrant de Marco Godinho, présentée sur les murs de la Sucrière, vous plaira sûrement pour son esthétisme. En effet, ces multiples petits cercles sont assez agréables à regarder.


L'oeuvre Forever Migrant de Marco Godinho ©Pauline Chapeland

Détails de l'oeuvre Forever Immigrant de Marco Godinho, 2017 ©Pauline Chapeland

C’est pourtant en s’approchant d’un peu plus prêt que vous pourrez constater qu’ils reflètent le climat politique de notre époque, puisque chaque tampon marque le mur d’un « Forever Immigrant ». Ainsi c’est par le leurre de l’esthétique et l’accumulation des mots superposés les uns sur les autres, que l’artiste a su nous attirer plus prêt de l’œuvre afin de pouvoir réellement voir de quoi il s’agissait. Par ce biais, il transmet un message fort et interpelle le spectateur sur la cause des migrants.


Mais « Mondes Flottants » c’est aussi un pluriel qui peut rappeler la connexion du monde moderne au monde contemporain en art, puisque ces deux notions sont en suspens dans leurs définitions. Et comme pour faciliter l’omniprésence de cette connexion dans cette biennale, cette année le Centre Pompidou fête ses 40 ans. Pour fêter ça, le Centre a prêté de nombreuses œuvres d’art moderne à la Biennale ; et cela tombe assez bien, car Emma Lavigne aime mettre en relation l’art contemporain avec l’art moderne.


Comme d'autres oeuvre prêtées pour l'occasion, vous pourrez trouver (ou retrouver) l’œuvre de hasard et d’indétermination 31 janvier de Calder au Musée d’art contemporain de Lyon. Comme défiant les lois de la gravité, le mobile accompagne l’oeuvre d’ Ernesto Neto, elle même déjà mise en relation avec les œuvres de Jean Arp. Art moderne, art contemporain, et art moderne à nouveau, en fait c’est un peu comme le concept des poupées russes mais revisité façon musée.


Calder était aussi un artiste d’art sonore, puisque son mobile généra de grandes réflexions pour les musiciens contemporains, et c’est aussi pour cela que son œuvre est présentée lors de la Biennale. En effet, il y a quelque chose d’impalpable dans cette édition, quelque chose d’immatériel, qui peut même être déroutant pour des novices de l’art contemporain




Pour aller plus loin, même si ceci n’est peut être qu’un rappel pour certains, il me semble important de rappeler qu’en 1917, un certain Marcel Duchamp a légèrement chamboulé les codes de l’art. En effet, avec sa Fontaine (aka urinoir), il a restreint l’action créatrice d’un artiste à la simple désignation d’un objet comme œuvre d’art. Depuis, plus besoin de représenter, il suffit alors de présenter. C’est à dire qu’il suffit qu’un artiste décide qu’un objet soit une œuvre, pour qu’elle en soit une. Et autant vous dire qu’à partir de là, tout est allé très vite, car puisque que tout peut être œuvre, plus rien n’est impossible. L’œuvre originellement création de l’artiste peut désormais être déjà créée, elle est « ready-made », en anglais, comme aimait les appeler Duchamp.


Fontaine, Marcel Duchamp, 1917

Crédit photographique : © succession Marcel Duchamp/ Adagp, Paris


Sauf que depuis ce jour, à la question « qu’est ce que l’art ? » (qui déjà animait de nombreux débats), se sont ajoutées de nouvelles réponses ; et l’édition de cette Biennale semble pousser la réflexion un peu plus loin, en confrontant ses publics à des matériaux et des médiums inhabituels, créant ainsi de nouvelles questions quant à ce qui fait art. Et si je vous demande, pour vous, la mousse de savon est-elle un matériau digne de créer une œuvre d’art ? Le son fait-il œuvre ? Et la réflexion de la lumière est-elle une création ?


Tant de questions qui trouveront leurs réponses durant votre visite; qui je n’en doute pas, vous détachera du quotidien pour un doux moment, comme dans une bulle, une nuage… comme dans votre Monde Flottant, finalement.



Pour toutes informations supplémentaires, c'est ici




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